Ce n’est plus un secret pour personne, l’industrie de la mode coûte cher à l’Homme. Elle est au centre de la crise écologique, responsable de travail infantile dans les pays sous-développés et impose trop souvent des standards, provoquant, chez la plupart d’entre nous, pas mal de complexes.
Déterminés à rendre la mode contemporaine plus éthique, nous avons pris la décision d’aborder ce sujet durant les trois prochaines semaines autour d’un thème précis : l‘écologie.
La mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde (entre 3 et 10% des émissions de carbone en sont issues), ce qui a pour conséquence la situation écologique actuelle. Matériaux et modes de production polluant, décentralisation puis distribution de l’autre côté du globe ou encore surconsommation ont de forts impacts sur notre environnement.
Notre objectif : vous exposez, sous la forme d’un triptyque, comment votre consommation de produits textiles peut avoir un autre impact sur notre planète. Nous espérons par cette chronique vous en apprendre davantage sur le milieu de la mode que nous affectionnons tant sans en connaître ses rouages et vous éclairer dans la prise de décision de vos prochains achats.
Avant tout, nous nous devons de vous expliquer le pourquoi du comment. Quels éléments sont à l’origine de cette destruction environnementale ? Ce premier article sera donc consacré à mettre en lumière les impacts qu’ont nos vêtements tout à long de leur cycle de vie sur notre chère planète bleue.
Commençons par le commencement et parlons des matières premières utilisées pour fabriquer nos vêtements.
Jusqu’à la création de la soie synthétique au XIXe siècle, seules des matériaux naturels d’origine végétale (lin, coton…) ou animale (cachemire, cuir, plumes…) étaient employés pour la création de textiles. La culture de ces matières premières nécessite de grandes quantités d’eau. Pour vous donner un exemple simple, la production d’1kg de coton destiné à la fabrication de textile demande plus de 8000L d’eau contre un peu moins de 3000L pour 1kg de riz. Vous ne visualisez pas ? La mer d’Aral, autrefois quatrième plus grand lac du monde (deux fois la taille de la Belgique), a perdu 9/10 de sa surface en moins de 20 ans en résultat de la culture intensive de coton en Ouzbékistan. Détrompez vous, naturel n’est pas forcément synonyme d’inoffensif si la culture n’est pas raisonnée. En effet, l’empreinte eau (volume total d’eau virtuelle consommé lors de la production d’un produit ou service) d’un t-shirt en coton est de 20 000 contre 8 000 pour une paire de chaussures en cuir.
53 millions de tonnes de fibres produites chaque année par l’industrie textile. Et il ne s’agit évidemment pas que de fibres naturelles. 70% de celles-ci sont du polyester, une fibre synthétique dérivée du pétrole. 70 millions de barils de pétrole sont écoulés chaque année pour la production de cette fibre. Une industrie ni très écologique ni très durable…
Une fois la matière première récoltée/fabriquée, il faut l’assembler, la tisser, la teindre, la coudre, pour arriver à une pièce vestimentaire finie.
Vous n’êtes pas sans savoir que la plupart du temps, la confection de textile réside en l’exploitation d’une main d’oeuvre à bas coûts, notamment en Asie et en Ethiopie.
Outre l’impact social de cette fabrication, les teintures aux métaux lourds, aujourd’hui interdites en Europe, restent autorisées dans les grands pays producteurs de textile et sont toujours utilisées en grande quantité. La conséquence ? 70% des cours d’eau chinois sont aujourd’hui pollués par ces produits chimiques.
Une fois le vêtement fabriqué, il faut l’acheminer jusqu’à son lieu de vente (ou de stockage dans le cas d’une vente en ligne). Les pièces, souvent importées d’Asie, sont acheminées par voie aérienne ou maritime avant de finir leur course en camion la plupart du temps. Pour que cela paraisse plus clair, un t-shirt parcourt jusqu’à 40 000km avant d’arriver entre les mains de son propriétaire soit plus d’un tour de la Terre. Ces moyens de transports rejetant énormément de gaz à effet de serre sont à l’origine de 2% de ceux produits par l’industrie textile. De plus, avec l’explosion des commandes sur les plateformes de e-commerce, les vêtements demandent la mobilisation de plus en plus de moyens de transport, chaque envoi étant effectué individuellement.
Vous vous dites qu’enfin, nous avons énuméré toutes les causes qui font de l’industrie textile un géant de la pollution. Si seulement ! Sachez qu’un produit textile a un impact sur la qualité de notre environnement jusqu’à la fin de sa vie.
En effet, le lavage de nos vêtements nuit aussi à la planète. Outre les produits chimiques présents dans les assouplissants et les lessives, un cycle de lavage de vêtements en fibres synthétiques (polyester, nylon ou acrylique) peut larguer jusqu’à 700 000 fibres microplastiques dans l’eau. Celles-ci, trop fines, échappent aux stations d’épuration pour se déverser dans les océans et finir… dans nos assiettes de poisson.
Enfin, il est important de rappeler que la surproduction et donc la consommation excessive de produits textiles ne font que renforcer ces effets. Et pourtant, les ventes en volume de l’industrie textile ont connu une progression de 60% en 15 ans. La fast fashion, modèle imposé chez Zara avec ses 24 collections par an, nous pousse à acheter plus et par conséquent à jeter plus : En moyenne, un français, met à la poubelle 12kg de vêtements par an.
Il est donc indéniable que des changements doivent être mis en oeuvre tout au long du cycle de vie d’un vêtement : de la production de la matière première à l’acheteur.
La mode affectant chacun d’entre nous, cette prise de conscience serait donc l’occasion pour les grands industriels du textile de diffuser largement des valeurs éco-responsables changeant ainsi notre mode de consommation.
La voie du changement se dessine peu à peu et quelques initiatives ont déjà été prises pour y parvenir. Mais pour en savoir plus, rendez-vous la semaine prochaine sur notre blog.